Notre maison kyōtoïte !

Comme promis, une petite visite de Gion Rokudo, notre charmante et confortable maison de Kyōto, située dans le quartier des geishas…

Une « vraie » maison japonaise traditionnelle d’architecture Shoin-zukuri avec…

    • Le vestibule (玄関, genkan) où l’on se déchausse et enfile des chaussons
    • Le sol recouvert de 畳 (tatami)
    • Les portes en papier de riz (障子, shōji) et les écrans opaques qui délimitent les pièces (襖, fusuma), tous deux coulissants sur des rails en bois appelés kamoi pour celui du haut et shikii pour celui du bas.
    • Des paravents japonais (屏風, byōbulitt.« mur de vent »)
    • Des 布団 (futons) qui sont, contrairement aux apparences, très très confortables !
    • La washitsu principale – ou salon – avec au centre une table basse en bois autour de laquelle on s’assoit sur des zabuton (coussins).
    • Une salle de bain japonaise à deux pièces: l’une où l’on se déshabille et dans laquelle se trouvait un lavabo et le lave-linge; l’autre comprenant la baignoire (très) profonde appelée o-furo (お風呂), dans laquelle on rentre seulement après s’être lavé et rincé à l’extérieur de celle-ci, afin que l’eau puisse servir à tous les membres de la famille —pour notre part, nous nous sommes douchées « à la française »…
    • Et last but not least… les toilettes japonaises, high-tech et ultra-confort ! Aussi appelées toilettes à bidet ou washlets (ウォシュレット) en raison des jets lavants à intensité réglable et multi-directionnels. Mais la meilleure spécificité de ces toilettes est de loin la cuvette chauffante, sur laquelle on resterait bien des heures assis les jours de grand froid… Parmi les boutons, plus ou moins nombreux selon le degré de sophistication du trône, il n’est pas rare de trouver le bien-nommé Otohime (« bruit de la princesse »), le fameux bruit de chasse d’eau censé couvrir ceux un tantinet moins « poétiques »… 

(✿◠‿◠)ノ゚*:・゚✧  Bonne visite ! ✧ *:・゚〜(^∇^〜)

La cuisine japonaise… à Kyōto !

A Kyōto, nous avons vu des temples, des femmes en kimono, des arcades commerçantes labyrinthiques, de charmantes échoppes traditionnelles, des petites ruelles animées Mais nous avons aussi et surtout mangé. Beaucoup mangé.

Tout d’abord, des 焼きそば (yakisoba), au petit-déj, tous les matins (en l’occurrence c’était plutôt un brunch pour des raisons de décalage horaire et de réveil légèrement laborieux…). On les achetait fraîches par pack de 3 sachets, les faisait revenir à la poêle avec du soja et la sauce d’accompagnement et, pour moins d’un euro, on avait un délicieux repas chaud, équilibré… et même sans gluten puisque contrairement aux udons, les sobas sont faites à partir de sarrasin ! (non pas que ça ait de l’importance, mais c’était une bonne occasion de distinguer nouilles et nouilles…)
Il manquait toutefois un élément essentiel à ce petit-déjeuner pour qu’il soit totalement complet: des protéines ! Et nous trouvâmes celles-ci dans…

Les 寿司 (sushis) ! Achetés bien sûr ultra-frais au rayon traiteur du supermarché situé à deux pas de chez nous, où ils étaient faits le matin-même avant l’ouverture. Ce n’était certes pas des sushis de maîtres, mais ils étaient tout de même bien meilleurs (car réalisés avec du vrai riz à sushi, légèrement vinaigré) que la plupart des sushis qu’on trouve en France. Le plus souvent, nous mangions des 稲荷寿司 (inari-sushi, riz vinaigré enveloppé dans une poche de tofu frit) et des 巻き (makis) à la « salade de saumon » (サーモンサラダ, saamon-sarada), fourrés avec des morceaux de saumon, oeuf, avocat et concombre.
Ainsi, chaque matin, nous avions la chance de déguster un brunch parfaitement japonais, avec des sushis en entrée, des yakisoba en plat de résistance, et en guise de dessert, une bonne tasse de lait de soja chaud !

Bizarre, comme dessert ?  Et bien détrompez-vous: au Japon, le 豆乳 (tōnyū) se décline en au moins une trentaine de saveurs différentes, allant des plus « classiques » (cacao, amande, fraise…) aux plus originales (patate douce, sésame noir, flan, coca, Earl Grey, fleurs de cerisiers…). J’avoue que je n’en ai pas goûté beaucoup pour l’instant, non pas par aversion au risque, mais parce que celles que j’ai testé m’ont plus que convaincue, à savoir café, banane et bien sûr… nature ! (en particulier la version allégée à 45%)

C’était donc l’estomac bien rempli —et déjà une légère envie de dormir pour certaines…— que nous quittions chaque jour la maison aux alentours de 14 heures… Et bien que nous étions persuadées de pouvoir tenir sans problème jusqu’au dîner, nous finissions toujours par craquer pour une spécialité japonaise vendue dans les stands et petites échoppes que nous rencontrions au cours de nos visites: たこ焼き (takoyaki), コロッケ (korokke, croquette), ou bien les fameux rice crackers japonais おかき (okaki)…

Le soir, nous allions généralement au restaurant, mais nous avons aussi dîné plusieurs fois à la maison où nous nous sentions si bien (je vous la ferai visiter dans un prochain article !), en nous préparant nous-mêmes un petit festin japonais avec ce qu’on avait trouvé durant la journée, soit au supermarché voisin, soit dans les petites échoppes alentours ou découvertes par hasard en rentrant. Mais toujours avec notre accompagnement fétiche: le chou chinois ! Et après le repas, nous ne manquions jamais de prendre toutes les trois dans la cuisine notre sacro-sainte tisane  avec des biscuits au chocolat Gerblé… les deux venus directement de France, s’il vous plaît !


Une semaine à Kyōto

Kyōto est la deuxième ville du Japon que je visite, et j’ai eu non seulement la chance de découvrir l’ancienne capitale avec ma mère et ma soeur, mais également d’y être présente lors d’une période extrêmement importante spirituellement pour les Japonais, à savoir le Nouvel An. On a en effet tendance à réduire Kyōto à une seule saison, celle des cerisiers en fleurs au printemps, ou bien à ses très nombreux temples (plus de 1 600 recensés à ce jour !), et en particulier le plus célèbre d’entre eux, recouvert d’or.

Mais si je devais décrire Kyōto, je dirais que c’est avant tout une atmosphère, ou plus exactement, un mélange d’atmosphères. Il y a celle des temples bien sûr, mais cette atmosphère religieuse et ce calme serein se retrouvent à mon avis dans n’importe quelle ville du Japon, parfois dans les endroits les plus inattendus.
Puis il y a toutes les autres. Qu’on ressent, mais qu’il est souvent difficile de décrire: celle, électrique et moderne, qui règne dans les artères commerçantes et les longues arcades qui les bordent; celle, figée et intimidante, qui règne aux abords du vieux palais impérial; celle, joyeuse et animée, qui règne au marché de Nishiki; celle, étrange et mélancolique le jour, magnétique et envoûtante le soir, qui règne dans les ruelles du quartier des geishas; celle, dangereuse et excitante, qui règne dans les petites rues du centre-ville la nuit; ou encore celle, paisible et rassérénante, qui règne le long de la rivière traversant la ville.

La rivière Kamo (鴨川, littéralement « rivière aux Canards »)

On sent dans les rues de Kyōto une certaine nostalgie, de sa grandeur passée peut-être, ou bien de la tradition qui, même si elle mieux préservée ici que partout ailleurs, continue inéluctablement de perdre du terrain dans la transformation à marché forcée du monde en un village global. On sent dans le regard de ses habitants et au travers de leur sourire une certaine tristesse, comme celle que l’on ressent lorsqu’une chanson qu’on aime se termine, ou bien quand les rideaux tombent, après le spectacle.
On a l’impression, en se promenant dans les rues de Kyōto, que le temps s’y est arrêté.
Et ce n’est sans doute pas qu’une impression, car il y a bien plusieurs horloges qui tournent dans cette ville, parfois même avec plusieurs siècles de différence.
Si vous allez un jour à Kyōto, il est donc inutile de prendre une montre. Promenez-vous le matin sur les berges de la rivière Kamo qui traverse la ville. Un peu avant midi, allez faire un tour au marché couvert de Nishiki et passez d’un étal à un autre pour goûter quelques-uns des produits qu’ils offrent à profusion. Surprenez votre palais en vous arrêtant à l’un des stands pour y déguster une spécialité préparée sous vos yeux. L’après-midi, allez vous perdre dans le dédale des arcades commerciales, avant de descendre d’un étage, dans le sous-sol alimentaire des grands magasins, où se vendent les aliments les plus luxueux, les mets les plus exquis, et les pâtisseries les plus raffinées de l’archipel. A la tombée de la nuit, aventurez-vous dans les ruelles sombres du quartier des geishas, et tentez de les apercevoir sortant discrètement de chez elles. Le soir, enfin, déambulez dans les rues animées du centre-ville, situées entre les grandes artères et la rivière, jusqu’à trouver un petit restaurant dont la carte vous paraît alléchante. 

Kyōto, c’est tout cela. Une ville où se mêlent plusieurs ambiances et se côtoient des époques plus ou moins éloignées. Une ville qu’on peut éventuellement trouver un peu triste et terne, et à laquelle on peut préférer Tōkyō, plus vivante et imprévisible.
Ou bien au contraire une ville pour laquelle on a eu un coup de coeur et où l’on est déjà sûr de revenir. Il y a probablement autant de temples à Kyōto que de façons de ressentir cette ville. Et l’on est certainement pas près d’avoir fini de tous les recenser.