Photos retrouvées d’Århus

En faisant le tri dans mes brouillons d’articles, je suis tombée sur ces photos prises durant le mois que j’ai passé au Danemark. C’était à l’été 2016. Après une année entière à l’étranger, j’ai eu la chance que mon master en école de commerce me permette d’y retourner dans le cadre d’une summer school de trois semaines, pour suivre des cours plus ou moins en lien avec ceux que je suivais en France. J’avais choisi le Danemark car les pays scandinaves m’ont toujours attirée, pour leur nature sauvage, l’insolente réussite de leur système éducatif qui les place toujours dans le haut du classement PISA quand la France recule d’année en année, et enfin les secrets que renferme leur mode de vie pour qu’ils caracolent d’après tous les sondages en tête des pays les plus heureux du monde.

Le Danemark en particulier est connu pour son fameux « hygge » (prononcez « hugueu »), un terme qu’on pourrait traduire par celui, non moins français, de cocooning. Ce mot date du début du XIXe siècle, lorsque le Danemark et la Norvège ne formaient qu’un seul pays, et dérive d’un terme norvégien qui signifie “bien-être”. Et le concept se décline à toutes les sauces : hyggelig (l’adjectif), hyggekrog (le coin douillet), hyggebukser (le pantalon confortable que l’on ne porte que chez soi)…Il désigne ainsi l’ensemble des petits moments qui procurent bien-être et confiance, et s’est transformé avec le temps en véritable philosophie de vie qui a donné lieu à de nombreux best-sellers en librairies.

Vivre au Danemark pendant plusieurs semaines nous pousse à reconsidérer la place qu’occupe le travail dans nos vies. En effet, le « hygge », cette recette danoise du bonheur, repose sur le temps qu’on accorde aux sentiments de confort, de chaleur, de convivialité en dînant avec des amis, de partage en jouant avec ses enfants, de bien-être en prenant soin de soi. Avec une semaine de travail qui avoisine les 32,5 heures et des journées du bureau qui finissent rarement après 17h, les Danois savent le prendre, ce temps eudémonique. Le débat sur la durée de travail hebdomadaire est pour moi l’arbre qui cache la forêt car en France elle est de 36 heures et nous étions pourtant 31 rangs derrière le Danemark, premier, dans le classement des pays les plus heureux du monde en 2016. La question n’est pas tant de savoir combien d’heures il faudrait travailler pour être heureux (cela dépend du point d »équilibre de chacun), mais plutôt de ce que nous faisons de ces heures où nous ne travaillons pas. A Aarhus, je passais la majeure partie de mes journées à étudier car j’ai eu la chance de tomber sur des cours passionnants sur la linguistique, donnés par un professeur passionné qui arrivait d’Allemagne avec son vélo et avait comme sacro-sainte règle de rouler au moins 1000km chaque été. Quand je n »étais pas à l’université, j’allais par monts et par vaux, découvrir la charmante ville d’Aarhus ou les paysages environnants lors de randonnées plus ou moins planifiées (voir mon article sur le Mols Bjerge National Park).

Même s’il remonte désormais à près d’une demi-décennie (diantre que le temps passe vite), je garde un agréable souvenir de mon séjour au Danemark. J’y ai fait de belles rencontres parmi les étudiants de ma classe, j’ai découvert une langue aux sonorités uniques, j’ai mangé beaucoup de pain de seigle et de saumon fumé, et j’ai surtout pu toucher du doigt cette douceur de vie, ce « hygge » dont on a tous tant besoin. Cette immersion au Danemark, bien que de courte durée, a été une parenthèse bienvenue, un ralentissement salutaire sur ma route que j’ai souvent tendance à vouloir tracer trop vite.

2 réflexions au sujet de « Photos retrouvées d’Århus »

Laisser un commentaire