Admise à l’EM Grenoble ! (๑•͈ᴗ•͈)

Les premiers résultats sont tombés: je suis arrivée 21ème sur la liste des admis à l’EM Grenoble ! Sachant qu’il y avait près de 3500 candidats au début, j’avoue avoir ressenti une légère fierté en découvrant mon classement, et surtout beaucoup d’étonnement…
Cependant, mon 14/20 en anglais m’a un peu déçue (et je ne suis pourtant pas du genre à me plaindre de mes notes !), car qui sait si avec quelques points supplémentaires —que le bon déroulement de l’oral m’a laissé espérer—je n’aurais pas pu grimper d’encore quelques places… voire décrocher la première ? :-)
Je chipote bien sûr, je suis déjà très heureuse et reconnaissante que mon travail de cette année ait porté ces fruits, et j’attends maintenant avec impatience les résultats pour l’EDHEC le 10 juillet ! Sauf imprévu, je suis d’ores et déjà certaine de quitter Sciences Po à la fin de l’année pour poursuivre en master dans une école de commerce, et en alternance, pour me plonger au plus vite dans le monde des affaires ! ヽ(❛ᴗ❛)ノ

Le train au Japon

Lorsque je prenais le train ou le métro en France, j’emportais toujours de quoi m’occuper. Peu importait la longueur du trajet, même entre trois stations de métro, j’avais le temps de sortir mon baladeur et d’écouter une chanson. Pas spécialement pour m’occuper ou me distraire, mais plutôt pour « rentabiliser » mon temps, car entre jouer sur mon portable et ne rien faire, je préfèrerais encore mille fois ne rien faire. Mais ici, je ne me rappelle pas m’être déjà ennuyée une seule fois dans le train. Même lorsque je suis allée à Nokogiriyama, à presque trois heures de chez moi, j’ai regretté d’avoir alourdi mon sac avec un bouquin, car après l’avoir sorti et lu quelques pages, je l’ai immédiatement reposé pour vaquer à mon « occupation » habituelle, c’est-à-dire… ne rien faire. Sans que je ne sache pourquoi, les trajets en train au Japon me semblent passer beaucoup plus vite qu’en France, et ne sont surtout jamais, jamais ennuyeux. Je dirais même, presque sans exagération, que chaque trajet est pour moi un spectacle, qui commence avant même d’entrer dans la rame. Beaucoup de choses vont me manquer à propos des trains japonais, mais si je devais n’en retenir que quelques unes ce serait celles-ci:

  • Le savoir-vivre

Lorsque j’étais en France il y a deux semaines, j’ai remarqué qu’il y avait désormais des flèches tracées sur les quais du métro parisien, mais je me suis demandée un moment si c’était mon imagination car personne d’autre ne semblait les voir: comme d’habitude, les gens se précipitaient pour rentrer les premiers dans la rame, ne laissant personne en sortir et bousculant si besoin ceux qui avaient le culot d’essayer… Je ne peux m’empêcher à chaque fois de penser que si le déluge venait à se produire, Noé aurait sans doute honte en voyant les animaux monter dans son arche de manière plus civilisée que ses congénères. Ici, comme vous l’aurez deviné, c’est tout l’inverse: les gens font la queue en ligne bien droite derrière les marques indiquant l’emplacement des portes à l’arrêt du train, et lorsque ce dernier arrive, les gens attendent que le dernier passager soit sorti avant de monter à leur tour. Et une fois dans la rame, on se fait le plus petit possible, d’abord en termes de place, mais aussi et surtout en faisant preuve de discrétion. Observer les Japonais dans le train aura fait partie de mes passe-temps favoris cette année, et c’est d’ailleurs la première image qui m’est venue à l’esprit quand l’un des jurés de l’EDHEC m’a demandé « qu’est-ce qui vous amuse ? ». Ce qui peut sembler paradoxal puisque la liste des occupations des Japonais dans le train est, pour ainsi dire, assez limitée: il y a ceux qui dorment (et se réveillent toujours à point pour leur arrêt, l’un des mystères que je n’ai pu encore percer…), ceux qui ont les yeux rivés sur leur smartphone (à stalker leurs connaissances sur les réseaux sociaux ou jouer à des jeux très intelligents), celles qui se remaquillent (ou contemplent simplement leur reflet au travers de leurs lentilles d’alien) ou encore, pour finir, les fameux salaryman qui rentrent du boulot un peu éméchés. Mais même lorsque ces derniers sont ivres morts, le seul dérangement qu’ils pourraient vous causer est de parler un peu fort. Car en plus d’être discrets, polis et disciplinés, les Japonais ne plaisantent pas avec les bonnes manières: j’aurai appris plus en prenant le train à Tokyo qu’avec tous mes cours d’éducation civique au collège ! Et surtout de manière beaucoup plus ludique, comme le montrent ces posters qu’on peut voir accrochés dans les trains et qui sont, disons, assez explicites…

Mais ce qui va me manquer le plus à propos des trains japonais, et qui les différencient radicalement de leurs homologues français, est la sécurité. Il m’est déjà arrivé de rentrer chez moi par le dernier train, et même à une heure du matin, entourée de gens ayant un peu forcé sur le saké, dans la plus grande gare du monde qu’est Shinjuku, je ne me suis jamais sentie en insécurité. Rien que d’imaginer la même situation à la gare du Nord me donne la chair de poule, et pour être honnête, même dans le TER vers Chantilly en plein après-midi, je n’étais pas totalement rassurée…

  • L’ingéniosité

L’autre chose qui m’a frappée quand j’ai pris le train au Japon pour la première fois est l’ingéniosité avec laquelle tout est conçu pour optimiser au maximum le trafic. Tout d’abord, les portillons automatiques. En France, nous avons soit les tourniquets massifs sur lesquels certains s’entraînent au saut en hauteur, soit les portes qui s’ouvrent et se referment telles une mâchoire maléfique prête à vous tronçonner en deux… Au Japon, il y a aussi des barrières, mais celles-ci se refermeront sur vous uniquement si vous essayez de frauder ! Résultat, le trafic est beaucoup plus fluide puisqu’il suffit de passer sa carte de transport sur le lecteur tout en franchissant le portillon, sans avoir nullement besoin de s’arrêter de marcher. Quasiment tout le monde a une carte qu’il faut charger régulièrement et qu’on peut même utiliser pour payer de petits achats dans les konbinis ou les distributeurs de boissons (自動販売機). A notre passage, le portillon affiche le montant restant sur notre carte, et si ce dernier est insuffisant, il y a toujours une « fare adjustment machine » à côté pour la recharger. Et même pour les rares personnes préférant encore le papier, j’ai l’impression que les tickets mettent moins de temps à ressortir ici…
Deuxièmement, l’ingéniosité dans la conception des trains eux-mêmes, aussi bien à l’intérieur qu’à l’extérieur. Pas une seule fois je n’ai pris le métro à Paris sans me dire qu’il était terriblement agencé, et réfléchir à différentes manières de mieux optimiser l’espace. Stupeur quand je suis arrivée à Tokyo: les trains étaient agencés exactement comme je l’avais imaginé, avec pour résultat l’impression d’avoir beaucoup plus de place, dans des rames qui ne sont pourtant guère plus larges qu’en France, voire même plus petites. Des banquettes alignées le long des fenêtres, un couloir central dégagé avec suffisamment de poignées pour s’accrocher, et des portes-bagages que les gens utilisent sans craindre de voir leurs effets personnels disparaître la seconde d’après: simple, logique et efficace.

A l’extérieur aussi, l’ingéniosité japonaise saute immédiatement aux yeux: les bullet trains ont un profil si aérodynamique qu’on pourrait presque croire qu’un coup de vent les ferait avancer. A l’inverse, les trains « normaux » (comme celui que j’emprunte pour aller au centre-ville qui ressemble à ça) paraissent tout droit sortis des années 80 avec leur forme carrée et leur look vintage, mais sont pourtant incroyablement silencieux, et je peux vous dire qu’on s’y sent beaucoup mieux que dans le plus récent des RER parisiens…

  • La précision

L’agencement ne fait pas tout, ce qui rend les trajets en train au Japon si agréables, c’est surtout leur précision. Avec 3.6 million d’usagers quotidiens et 5 heures de pointe (dont la première commence à 4h30 du matin), la gare de Shinjuku est la première au monde en termes de trafic et ne peut donc se permettre aucun retard, fût-il d’une minute, car cela perturberait le déroulement de la journée entière. Et cela fait toute la différence, car non seulement cela vous permet de planifier votre itinéraire à la minute près (ici on peut dire « on se retrouve à 18h56 » sans passer pour un maniaque obsessionnel de la trotteuse), mais aussi car cela rend presque supportable de se retrouver entassé comme des sardines durant l’heure de pointe puisque vous savez exactement dans combien de minutes vous pourrez à nouveau respirer.
La précision des trains au Japon est si parfaite qu’elle semble être le fait d’une intelligence supérieure ou divine, mais elle n’existe que grâce à l’extrême méticulosité des employés, reconnaissables pour la plupart à leurs gants blancs… mais aussi à leur voix ! Les conducteurs utilisent en effet une voix nasale pour annoncer les arrêts (d’après cette vidéo, on l’entendrait plus distinctement), ce qui surprend beaucoup au début mais, en fin de compte, se marie assez bien avec les petites mélodies spécifiques à chaque station (par exemple, pour la ligne Yamanote). En plus d’être affiché sur les écrans de la rame, chaque arrêt est donc annoncé par trois voix différentes: celle, nasale, du conducteur; celle automatique et sérieuse du train; et enfin celle automatique et hilarante de la station (« Kichijoooooji, Kichijoooooji ! »). Je ne m’étais pas trompée, le japonais est en effet une lanque musicale et toute en nuances…

  • La propreté

Dernière chose qui rend les trajets en train si agréables: la propreté. La première fois que je suis venue au Japon, mon oncle est venu me chercher à l’aéroport et lorsqu’on est montés dans le train, il m’a dit une phrase que je n’oublierai jamais: « c’est tellement propre qu’on pourrait manger par terre ». Si cette phrase m’a autant marquée, c’est tout simplement parce qu’elle est vraie: pas un seul mégot ni chewing-gum sur le sol, pas de papiers qui traînent, pas de sièges déchirés ou de strapontins cassés, pas de vitres rayées, pas de wagons vandalisés, pas d’odeurs désagréables même lorsque la température dehors dépasse les 30°C… Les trains brillent comme des sous neufs et leur intérieur est impeccable grâce, encore une fois, à l’incroyable minutie et la discipline quasi-militaire des employés de gare japonais, comme le montre la vidéo ci-dessous.

C’est peut-être tout cela qui fait que je ne vois pas le temps passer quand je prends le train au Japon, et qui fait de chaque trajet un moment de réelle détente, passé à regarder les passagers autour de moi ou simplement les paysages défiler à la fenêtre.
Est-il possible de se réhabituer au train, métro et RER français après avoir connu ça ? Je me pose aussi la question…

Une (longue) nuit chez les Qatari

Récit d’une correspondance loupée et des vingt-deux heures d’attente qui s’ensuivirent dans le modeste et très discret aéroport de Doha…

Je pensais que ça n’arrivait qu’aux autres ou bien dans les films, mais ça a finalement fini par m’arriver à moi aussi: rater une correspondance et se retrouver à passer la nuit dans un aéroport. Il a suffit de pas grand chose pour que j’en arrive là: être assise tout au fond de l’avion et donc parmi les derniers passagers à sortir, devoir emprunter la deuxième navette qui mit dix minutes à arriver, me retrouver devant le tableau affichant « Last Call » pour Tokyo, avoir une heure de retard sur sa montre donc ne pas réaliser l’urgence et me ranger dans la longue queue à la sécurité, puis me hâter lentement vers la porte E21 située à l’autre bout de l’aéroport, à environ 1.5 km de marche… pour y arriver une vingtaine de minutes après sa fermeture. On m’a ensuite redirigée vers le service client, qui m’a redirigée vers le bureau des transferts, qui m’a annoncé que sur les douze passagers allant à Tokyo, nous n’étions que deux à avoir louper la correspondance, et que c’était donc clairement de notre faute. L’autre personne, c’était Kosmo, un Sénégalais qui habite à Tokyo depuis dix ans, sans qui je ne m’en serais sans doute pas aussi bien tirée d’affaires… Après lui avoir longuement expliqué notre cas, notre interlocuteur du bureau des transferts n’était prêt à nous offrir qu’un changement sans frais pour le vol du lendemain, mais heureusement notre ténacité a payé: nous avons demandé à parler à son supérieur et avons réussi à négocier l’accès au lounge de Qatar Airways jusqu’au lendemain matin. Ce n’était certes pas l’hôtel, mais j’ai au moins pu prendre une douche, me restaurer (très) copieusement et me reposer un peu avant de reprendre l’avion. Même si les 22 heures d’attente furent un peu longues, je suis tout de même reconnaissante de n’avoir pas eu à les passer assise sur une chaise et d’avoir pu pénétrer à l’intérieur d’un des plus beaux lounges d’aéroport au monde. En plus, aucun risque de dépenser pour du superflu au duty-free, la boutique la moins chère là-bas étant Tiffany ou celle du PSG…
Bref, cette plongée forcée au pays de la démesure fut une expérience fort intéressante, mais je dois avouer qu’il fait bon être de retour chez soi !  (๑^ں^๑) ☆*°

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En haut du Mt. Ougiyama (扇山)

La saison des pluies ne va pas tarder à commencer, et avec mon retour en France éclair-ultra-intensif la semaine prochaine, il est possible que ma randonnée d’hier fusse la dernière avant un bon moment. Pas question donc d’escalader une colline, et les 28°C affichés par le thermomètre sont une raison de plus de grimper en altitude pour avoir un peu de fraîcheur ! Sur les conseils d’une amie l’ayant fait la semaine passée, je décidai d’emprunter le circuit reliant le Mt. Ougiyama (扇山) au Mt. Momokurayama (百蔵山), censé offrir de superbes vues du Mont Fuji. Lorsque j’arrivai au sommet du premier après une assez rude ascension de 1138 mètres tout de même, Fuji-san était malheureusement caché derrière les nuages et n’a pas non plus daigné se montrer lorsque j’atteignis le deuxième sommet. Je fus bien sûr un peu déçue, mais c’est aussi cela qui fait la « magie » de la randonnée: marcher pendant des heures, repousser les limites de son corps dans les passages les plus abruptes, martyriser ses jambes et ses articulations dans les descentes les plus raides, cette sensation de vertige qui s’empare de nous lorsqu’on se trouve littéralement au pied du mur, devant un nombre incalculable de marches à monter, la sueur qui coule dans les yeux et les vêtements qui collent à la peau… Tout cela sans la moindre certitude sur ce qui nous attend au sommet. Mais pendant que je savourais chaque bouchée de mes onigiris de la victoire, assise sur l’herbe devant les montagnes aux cimes embrumées, je me dis que la récompense n’était décidément pas toujours ce qu’on croit: même si cela en fait partie, ce n’est pas ni la vue du sommet qu’on prend en photo pour la poster ensuite sur Facebook, ni le nombre de kilomètres parcourus et de calories brûlées affichées sur notre smartphone. La récompense, c’est la saveur redécouverte de chaque gorgée d’eau bue en chemin, le goût de chaque grain de riz avalé au sommet ; c’est enfin s’asseoir, avec la peur de ne plus jamais se relever tellement nos jambes sont endolories ; c’est l’excitation grandissante sur le chemin du retour en pensant à la bonne douche qui nous attend ; ce sont les légères courbatures au réveil après avoir dormi toute la nuit comme un loir… Ma récompense ce jour-là, ce fut d’arriver en haut du Mt. Ougiyama en ressemblant à ça, regarder les nuages cachant le Mont Fuji, et me dire que si c’était à refaire, je le referais sans la moindre hésitation.
Il n’y a de maigre récompense que pour de maigres efforts, puisque la récompense ne se trouve pas à l’arrivée mais bien déjà en nous, et elle le reste aussi longtemps qu’on se souvient du chemin parcouru pour aller la chercher.
Je n’aurai certes pas vu Fuji-san, mais il m’a semblé en redescendant vers la gare que la forêt n’avait jamais été plus belle, et le chant des oiseaux plus joyeux que ce jour-là.
Que les jurés soient prévenus, j’arrive aux oraux le corps et l’esprit plus sains que jamais, et les poumons gonflés à bloc d’air montagnard pour livrer les plus beaux discours !